Appacheur à Odessa : souvenirs d’un Mbenguiste nostalgique.

En Ukraine, l’été, j’étais « appacheur » de chaussures au Рынок «Седьмой километр» (marché du 7ème Kilomètre ), à Odessa.

Mon expérience sur les chantiers m’avait déjà montré le feu.

Si je tombais là-bas, j’allais dire quoi ? À qui ?

Le grand Buffalo m’a trouvé une place sur son comptoir de chaussures.

Nous étions quatre à y travailler. Tous Camerounais.

Vendre au marché était à la fois physique et technique.

Le matin, il fallait sortir les cartons de chaussures du magasin et les installer sur le comptoir. S’assurer qu’on avait un maximum de tailles à portée de main. Ensuite, il fallait appeler les clients. Bref, faire le vrai boulot d’appacheur.

Vendre à un Ukrainien, ce n’est pas la même chose que vendre à un Camerounais.

J’ai dû apprendre quelques techniques de vente. Mais en vrai, j’étais comme un poisson dans l’eau dans ce marché. Mon apprentissage à Mokolo m’avait bien préparé.

Mais le vrai défi, c’était la langue.

Même après plusieurs mois de cours de russe, je ne trouvais pas toujours les bons mots pour convaincre les clients de sortir leur porte-monnaie.

J’étais limité dans mon vocabulaire — et ça se voyait.

Pour conclure une vente, j’étais souvent obligé d’appeler un ancien à l’aide.

Mais ça voulait dire partager les gains avec lui.

Mon salaire, en réalité, se divisait en deux parties :

• Une partie fixe : le remboursement du transport aller-retour et du repas du midi.

• Une partie variable : un pourcentage sur le bénéfice des ventes.

Chaque paire vendue avec l’aide d’un ancien, c’était un peu moins dans ma poche à la fin de la journée.

Odessa, c’est une grande ville touristique, surtout l’été. Il y avait du monde au marché, et les journées étaient souvent fructueuses.

Même quand je ne vendais rien, je pouvais compter sur la générosité de Buffalo, qui s’assurait toujours que je ne rentre pas les mains vides.

Qu’est-ce qu’on s’est amusé là-bas. Que de beaux souvenirs.

J’y ai amélioré mon russe. Et surtout, j’y ai appris à vendre autrement.

Découvrir ces endroits, rencontrer ces personnes, vivre ces expériences…

C’est ce que j’aime le plus jusqu’ici.

Le voyage transforme. Il nous ouvre, il nous pousse.

Mais aucun endroit, aussi loin ou aussi luxueux soit-il, ne remplacera jamais le chez-soi.

À tous ceux qui rêvent de partir :

Ce n’est pas facile. Ce n’est pas «le voir bébé». Mais avec courage, humilité et persévérance, vous apprendrez bien plus que ce que vous étiez venu chercher.

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