Et vous, comment avez-vous choisi les prénoms de vos enfants ? Par goût, par origine, par histoire ?”
Entre ici et là-bas . Une identité enracinée et ouverte.
En 2017, je suis devenu papa pour la première fois.
Un moment unique, intense. Une période où tout est nouveau : on prépare la chambre, on fait le trousseau, on apprend à monter la poussette… et bien sûr, on réfléchit au prénom qu’on va donner à cet enfant qui arrive.
Au début, ça paraît simple. On pense que choisir un prénom, c’est juste trouver un joli mot, quelque chose qui sonne bien. Mais très vite, je me suis rendu compte que c’était beaucoup plus que ça. Un prénom, c’est une identité. C’est un héritage. C’est une première déclaration, un message qu’on transmet pour la vie.
Et une question s’est posée : Est ce que je dois donner à mon fils un prénom africain ou un prénom européen ?
Un jour, en discutant avec un collègue, je lui partage mes hésitations.
Il m’a répondu, avec bienveillance :
“Tu sais, un prénom simple, facile à prononcer, ça peut rendre les choses plus fluides pour l’enfant, éviter qu’on écorche son nom ou qu’il doive toujours expliquer.”
Je comprenais son point. Ce n’était pas une mauvaise intention. Mais avec mon épouse, nous avons décidé que notre fils porterait les deux : Un prénom africain, pour ses racines,
Et un prénom européen, pour refléter sa double culture.
Ce qui est curieux, c’est qu’au Cameroun, cette question de “ l’origine ” de prénom ne se pose presque pas.
Là-bas, le choix du prénom suit surtout le goût du moment. Les gens choisissent le prénom qui leur plaît, celui qui est à la mode, sans forcément se soucier de son origine.
Mais ici, loin du pays, le contexte change.
Aujourd’hui encore, alors que je me retrouve face à cet exercice je me repose la question : pourquoi est-ce si important pour moi que mon enfant porte un prénom africain ?
Je pense que la réponse est simple.
Au Cameroun, notre identité, on la vit sans y penser.
Elle est dans la langue qu’on parle, dans les noms des quartiers, dans le marché, dans la cuisine, dans les proverbes qu’on entend tous les jours. On n’a pas besoin de l’affirmer, elle est là.
En Europe, nous ressentons le besoin d’affirmer quelque chose, de poser nos repères, de rappeler à nos enfants d’où ils viennent.
Au final, le choix du prénom est personnel.
Chacun décide selon son vécu, ses convictions, ses rêves.
Je sais aussi que mon choix n’est pas unique. Beaucoup d’entre nous, issus d’une diaspora, se posent cette même question, entre transmission et adaptation.
Pour moi donner à mon fils un prénom africain, c’est une manière discrète mais forte de lui transmettre non seulement un bout de son histoire, un héritage, un repère mais aussi un simple message silencieux :
“Peu importe où la vie t’emmène, souviens toi toujours de qui tu es.”
Raoul MBE, 19.03.2025