Être père c’est avoir la chance de réapprendre le monde avec les yeux d’enfants.
Ce week-end, alors qu’on se préparait à sortir pour rejoindre des amis mon fils m’a sorti un : « Papa, tu te souviens que tu dois m’apprendre à attacher mes lacets. »
Pris de court je lui ai répondu en mode papa : « Pas de souci mon grand ».
Le moment venu, j’ai organisé les étapes une à une dans ma tête comme un mode opératoire ( déformation professionnelle ) ensuite je lui ai tendu une paire de chaussure et je lui ai dis : « fais exactement comme moi. Tu verras que ça va marcher. »
Je me suis lancé, nouant lentement les lacets en lui expliquant chaque gestes. De son côté il peinait à me suivre. Une tentative, deux, puis huit sans succès. J’ai perdu patience, mon accent camerounais s’est renforcé et d’un ton sec je lui ai dis : « Akil, on continuera une autre fois. Sinon, on risque d’arriver en retard chez tonton. »
Sur son visage j’ai ressenti un mélange de frustration et tristesse. Mais je n’avais pas le temps on devait partir. J’ai rapidement nouéses lacets comme d’habitude et on est parti.
Une fois arrivés chez nos hôtes, alors que j’étais dans les durs commentaires. il s’est installé dans un coin du salon avec ses chaussures, silencieux il manipulait ses lacets. 10 minutes plus tard, le sourire aux lèvres, il est venu me montrer le résultat de son premier essai en me disant : « regarde Papa, j’ai réussi c’est bien hein ! »
J’ai été impressionné par le résultat. Un noeud certes imparfait mais solide. Je n’ai pas compris pourquoi il n’avait pas réussi à le faire avec mon aide en suivant « simplement » les étapes que je lui montrais, mais tout seul dans son coin, sans modèle, il a réussi à reproduire ce que je lui avais montré auparavant.
Cela m’a montré une fois de plus à quel point les personnes sont différentes, et les enfants encore plus. J’avais cru que lui imposer ma methode , suivre mes étapes etait la meilleure manière de l’aider. Mais c’était faux. Pour lui il suffisait d’observer, de laisser l’idée mouliner , puis de s’approprier le geste à ça façon.
Ce moment m’a rappelé que chaque enfant a sa propre manière d’apprendre et de comprendre le monde. Nos enfants nous apprennent autant qu’on les enseigne. Ils nous poussent à réfléchir à nous remettre en question et parfois à réapprendre des choses simples avec un nouveau regard..
Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de mon fils. En ce jour spécial , je réalise à quel point être un père est un voyage, un voyage pendant lequel on peut apprendre a chaque kilomètres si on se donne les moyens.
Alors, Joignez-vous à moi pour souhaiter un joyeux anniversaire à mon Loulou.
Raoul MBE, 25.02.2024