J’étais bon. J’avais même obtenu trois bourses la même année. Mais je savais que j’étudiais pour rien.
J’étais bon. J’avais même obtenu trois bourses la même année. Mais je savais que j’étudiais pour rien.
En 2013, je faisais économie et finance à l’université de Parme, en Italie. J’avais de bonnes notes, mais je n’étais pas enthousiaste pour la suite.
À Parme, les étudiants camerounais en faculté d’économie ne trouvaient souvent pas de travail à la sortie de l’école.
Les gars finissaient leurs études et continuaient à faire des métiers sans aucun lien avec leur formation : ouvriers, plongeurs….
Dans la communauté camerounaise, faire économie n’était pas valorisé. Ca ne faisait rêver personne.
10 bons étudiants en économie ne valaient pas un mauvais étudiant en ingénierie😅.
On n’avait même pas encore commencé, mais c’était comme si on avait déjà perdu.
Même les go préféraient les étudiants en médecine ou en ingénierie.
Les gars d’économie comme nous, devait être créatif pour espérer sortir avec quelqu’un, sinon le nkang pouvait achever quelqu’un là-bas.
Je m’étais dit : à quoi ça sert de faire cinq ans d’études universitaires pour, à la fin, travailler comme ouvrier ou agent de propreté ?
Loin de moi l’idée de rabaisser ces métiers, mais j’étais convaincu qu’on n’avait pas besoin d’un bac +5 pour les exercer.
J’avais postulé partout, pour tous les petits jobs possibles et imaginables. Mais c’était chaud.
Même le job d’ouvrier agricole que j’avais eu en été, c’est parce que mon pote Anicet m’avait pistonné.
Dans cet environnement l’avenir était sombre, pour les gars comme moi pourtant je n’avais aucune difficulté à l’école. j’ai très vite décidé de partir.
Ceci dit, il est très important de bien choisir sa filière universitaire en fonction du pays dans lequel on souhaite s’installer.
Dans beaucoup de pays européens, les filières comme économie, RH, philo, etc., sont saturées. Peu de postes, trop de candidats.
Aujourd’hui, lorsqu’un jeune me demande un conseil d’orientation :
s’il est héritier, je lui dis de suivre sa passion.
Sinon, je lui conseille de s’orienter vers un métier en tension.
Suivre sa passion, c’est pour les enfants de riches.
Si tu n’as pas de matelas familial, il faut sécuriser un emploi bien rémunéré.
Mais en y réfléchissant… peut-on vraiment donner le meilleur de soi dans un métier qui ne nous plaît pas ?
C’est aussi ça, mourir à petit feu.
Et avec l’intelligence artificielle ?
Même les métiers stables deviennent fragiles.
Partez s’il le faut. Changez quand vous en avez besoin. Mais gardez le cap.
Ce monde est incertain, mais votre direction ne doit pas l’être.
Raoul MBE, 08.04.2025
C’était un vrai challenge pour moi d’écrire ce texte ce matin 😅.
La fatigue, le sommeil. Bref la vie.
Bonne journée à tous.
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