Omelettes matin, midi et soir : mes débuts d’expat en Ukraine.

En 2011, quand je suis arrivé en Ukraine, je ne savais rien cuisiner d’autre que des omelettes. Pendant deux semaines, c’est tout ce que j’ai mangé le midi et le soir.

Un jour décidé à changer de menu, j’ai tenté les spaghettis sautées. J’ai tout acheté, j’ai suivi à la lettre la recette trouvée sur internet.
Résultat : toute la marmite a fini à la poubelle.
Trop d’huile, beaucoup trop de sel. Bref c’était immangeable. Une vraie catastrophe.

Ce jour-là, j’ai compris que si je ne voulais pas finir malade, affamé ou sans un sou, il fallait que j’apprenne à cuisiner. Sérieusement.

Avant l’Ukraine, je n’avais presque jamais mis les pieds dans une cuisine pour faire à manger.
Je viens d’une famille de 10 enfants, avec 3 grandes sœurs et 2 petites.
Chez nous, la cuisine était “l’affaire des femmes”.
Mon job, c’était de laver le salon, de balayer les vérandas. Les marmites, je les regardais de loin 😅.

Mais en Ukraine, sans maman ni sœurs pour me préparer à manger, il fallait que je trouve une solution.
J’avais deux options : manger au restaurant ou trouver une copine qui me ferait à manger.
Mais je n’avais pas d’argent.
Ni pour manger au restaurant.
Ni pour m’offrir le luxe d’avoir une petite amie.

Il fallait donc que je me débrouille. C’était une question de survie.

Quelques semaines après mon arrivée, coup de chance : l’université m’a attribué un colocataire camerounais, Cédric.
Un gars simple, mais un vrai boss en cuisine.

Cédric m’a pris sous son aile.
On a commencé par des classiques : riz sauté, spaghettis sautées, riz sauce tomate.
Petit à petit, j’ai appris.
À doser l’huile. À saler. À ne pas brûler l’eau 😅. Bref, à survivre.

Aujourd’hui, grâce à l’apprentissage et la pratique. Je peux cuisiner du ndolè, de la banane malaxée, un gratin dauphinois ou des pâtes à la carbonara.
Apprendre à cuisiner m’a sauvé plus d’une fois. Pas seulement pour manger. Mais aussi à impressionner les petites.

Beaucoup de jeunes quittent le pays sans jamais avoir vécu seuls.
Ils ont toujours été entourés de frères, de sœurs, de cousins et d’amis.

Pour certains, c’est même encore leurs parents qui les réveillent le matin.

Ils pensent que vivre à l’étranger, c’est juste changer de pays ou accéder à de meilleures opportunités.

Mais la vérité, c’est qu’à l’étranger, tu dois tout réapprendre :
Vivre seul.
Te nourrir seul.
Te soigner seul.
Te réveiller seul.

Très peu prennent le temps de réfléchir à l’organisation de la vie quotidienne.
Pour eux, c’est un acquis.
Ils se concentrent sur les prières et les neuvaines pour que Dieu leur donne le visa 😅.

Ils sont très loin d’imaginer que la folie les guette.

Si je peux me permettre un petit conseil : apprenez à doser le sel, à chauffer l’eau et à faire du vélo avant de rêver d’Europe.
Même si ça peut paraître anodin ça vous évitera de vous empoisonner.

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